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Coins des Instituteurs d'Haiti

2 février 2014

Historique de l'Education en Haiti

Les colons Francais établis à Saint Domingue dans le but de se faire une fortune, se souciaient très peu d'établir dans la colonie des écoles et des centres éducatifs qui dispenseraient un enseignement allant au-delà du stade primaire. Ceux-ci jugés incompatible avec le système esclavagiste sur lequel reposait la production de la colonie. Dans la majorité des cas, ils se contentaient d'envoyer leurs progénitures dans la mère-patrie pour se faire une éducation, et du coup, les éloigner de l'ambiance de libertinage et de promiscuité qui régnait dans cette colonie française.

Il n'etait donc pas question pour la masse d'esclaves noirs, considérés comme des choses dont on pouvait se disposer à volonté, de recevoir une instruction. Des chanceux, comme Toussaint Louverture reçurent des rudiments d'éducation de protecteurs, ou ont eu la bonne fortune de se rendre en France. D'autres, comme le reconnaît Jean Fouchard, débarquaient des bateaux négriers avec un bagage éducatif assez solide (Les marrons du syllabaire)

Il est intéressant de noter ici, toutefois, que certains colons, dans leur souci d'avoir une main d'oeuvre gratuite, se donnaient pour tache de doter certains de leurs esclaves d'un métier, et devenaient les premiers bénéficiaires des produits de leur art, se passant ainsi des artisans Européens qui coûtaient trop chers.

Après l'Indépendance, à part quelques rares exceptions, l'éducation ne fut pas l'une des priorités des différents gouvernements qui se sont succédés en Haiti, quoique tous, dans leurs discours ou à travers des documents légaux soulèvent la problématique de l'éducation.

Dessalines fit inscrire dans la Constitution impériale une école populaire pour chacune des six divisions militaires de son empire (article 19) sans toutefois réaliser ce projet..

Christophe érigea des écoles dans certaines villes de son royaume, fonda des académies royales servant d'écoles secondaires et s'intéressa même à l'éducation des jeunes demoiselles du royaume en fondant deux écoles privées de filles au Cap. Pour superviser ces écoles, il fonda la Chambre Royale d'Instruction Publique et fit appel à des enseignants Anglais.

Pétion commença à manifester presqu'à la fin de sa présidence un certain souci pour l'instruction de ses concitoyens en établissant quelques écoles et en fondant le premier lycée national[1] et en créant un pensionnat de démoiselles à Port-au-Prince. A travers la Constitution de 1816, il affirma aussi le principe de l'éducation primaire et celui de l'enseignement gratuit pour tous.

Sous Boyer, l'éducation fut reléguée au champs des bonnes intentions à travers la préconisation des établissements destinés aux enfants de ceux qui auraient rendu des services à la patrie. Boyer passa également dans l'histoire comme un obscurantiste qui, après avoir réalisé l'unité de l'île, ferma l'université de Santo Domingo.

En 1844, un ministère de l'Instruction Publique fut créée, mais le manque d'organisation et l'absence d'une politique d'éducation rationnelle et continue, rendit ce nouveau ministère ineffectif, et ce, jusqu'à la nomination d'Elie Dubois, sous la présidence de Fabre Geffrard, comme ministre de l'instruction publique. Ce dernier, est reconnu comme le seul président du dix-neuvième siècle dont le gouvernement accorda une attention spéciale à l'éducation.

En effet, son gouvernement établit de nombreuses écoles en Haiti et encouragea l'instruction à grande échelle. Après la signature du Concordat (voir: date historiques 28 Mars 1860) qui fit du catholicisme la religion officielle d'Haiti, il accueillit des missionnaires catholiques qui établirent les premières écoles congréganistes en Haiti. Il réorganisa l'École de Médecine et l'École de Droit et créa les écoles de Peinture, de Musique et de Navigation.

La constitution de 1874 fut la première à reconnaître l'importance de l'instruction publique, au moins dans sa phase primaire en déclarant l'enseignement primaire obligatoire. Les constitutions suivantes stipuleront que l'enseignement primaire est non seulement obligatoire, mais gratuit. Malgré ces bonnes intentions, les structures se s'améliorèrent guère, et l'Etat haïtien continua de négliger ses devoirs en ce domaine, préférant laisser la responsabilité d'éduquer les petits Haïtiens aux étrangers dont le curriculum ne répondait pas toujours aux besoins du pays.

A la fin du siècle, l'éducation se retrouva pratiquement à la charge de religieux catholiques étrangers qui fondèrent des écoles où se retrouvèrent les enfants de la bourgeoisie établie et négligèrent ostensiblement la masse. Une situation qui pérennise les disparités sociales et économiques.

Léon D. Pamphile rapporta qu'en l'année du centenaire de l'Indépendance (1904), "seulement 3% des enfants entre cinq ans et dix-huit ans fréquentent les écoles en Haiti" (L'éducation sous l'occupation américaine: 1915-1934p. 37). comme au temps de la colonie, les forces politiques et économiques du début du XIXè siècle continuèrent d'empêcher la diffusion du progrès et à l'éducation du peuple (Ibidem.)

L'occupation américaine de 1915, qui bouleversa la vie sociale et politique du pays et assura aux Américains une main mise robuste sur toute l'administration publique, ne contribua nullement à la réduction de l'analphabétisme en Haiti. Le peu d'attention accordée à l'education se concentra dans le domaine technique et agricole au grand dam de l'élite intellectuelle de l'époque, gens de lettres et des humanités, tenants de la culture francophone.

En 1941, Maurice Dartigue fut nommé à la tête du ministère de l'instruction publique. Pendant quatre ans, Dartigue essaya de créer un corps enseignant compétent et des programmes de perfectionnement des cadres scolaires d'une telle envergure qu'on n'hésita pas à parler de "réforme Dartigue" pour résumer ces démarches.

Au nouveau de l'éducation, les quarante dernières années sont marquées par quatre phénomènes de grandes importance:

  • L'exode massif de ceux et celles qui pourraient être des enseignants compétents, attirés par les offres alléchantes de certains pays d'Afrique et du Québec ou forcés à l'exil.
  • La prolifération des "écoles borlettes", incapables de se pourvoir d'un personnel vraiment qualifié. Le taux d'échecs Aux examens officiels, ces écoles accusent un taux d'échecs, quelquefois embarrassants. Toutefois, elles suppléent à l'Etat en asmettant des étudiants qui, autrement, ne seraient pas acceptés dans les écoles publiques ou congréganistes.
  • L'échec de la réforme du système de l'enseignement entreprise par le ministre Joseph C. Bernard à la fin des années 70; une réforme qui prenait en compte la réalité linguistique d'Haiti et tentait de ré-structurer les dispositifs de l'éducation à partir de cette réalité. Certains éléments de cette réforme, qui aurait constitué un acte révolutionnaire dans l'histoire de l'éducation, furent repris après 1986.
  • Le lancement par Le président René Préval d'un plan national d'education et de formation, qui jusqu'à date git au fonds d'un tiroir.

Aujourd'hui, malgré le lancement l'Etat haitien n'est toujours pas en mesure ou ne veut pas mettre l'éducation à la portée du grand nombre, et ce malgré des demandes sans cesse accrues de la part des masses prenant chaque jour conscience de l'importance d'une bonne formation académique pour leurs progénitures. Les fonds du budget national alloués à cet effet demeurent insignifiants et l'absence d'une politique d'éducation bien structurées et tenant compte de ces demandes laisse perplexe.

Joseph Michel Martelly, le président inauguré le 14 mai 2011, vient de lancer un programme de scolarisation gratuite baptisé Fonds national pour l’éducation (FNE) et décide de le financer par à travers un prélèvement de taxes sur les transferts d'argent de l'étranger vers Haïti et sur les appels internationaux.

Il est trop tôt pour évaluer ce projet, mais les sceptiques s'alignent déjà et commencent à le dénoncer comme l'artifice d'un nouveau gouvernement.

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